Natura 2000

La procédure Natura 2000 a pour but la constitution d'un réseau de sites naturels protégés à l'échelle européenne, visant à préserver les espèces et les habitats menacés et/ou remarquables sur le territoire européen dans un cadre global de développement durable. Natura 2000 cherche à concilier activités humaines et protection des milieux naturels afin de répondre aux enjeux environnementaux planétaires et locaux.

Sites Natural 2000 à Évreux

Le réseau Natura 2000

Le réseau Natura 2000, créé en 2000 par l’Union Européenne, regroupe un ensemble de sites européens remarquables pour leurs richesses botaniques et faunistiques.

Les coteaux d’Évreux appartiennent au site « Vallée de l’Eure/Vallée de l’Iton », référencé FR 2300128 par l’Union Européenne.

Ils ont été intégrés au réseau Natura 2000 en plusieurs étapes :

2002 : 88 hectares

  • coteaux de Saint-Michel
  • coteaux de Nétreville
  • coteaux de la forêt de la Madeleine (Arnières-sur-Iton)
  • coteaux de la Queue-d’Hirondelle (derrière le Centre hospitalier spécialisé de Navarre)

2004 : 11 hectares

  • coteaux de la vallée du Mesnil au Boulay-Morin (terrains appartenant à la Ville d’Évreux)

2005 : 8 hectares

  • coteaux d’Argence et une parcelle à Saint-Michel

Le contrat Natura 2000

Le réseau Natura 2000 permet de bénéficier de subventions pour financer des actions de restauration de milieux naturels (pâturage, débroussaillage…). Pour ce faire, la Ville d’Évreux a déjà signé 3 contrats Natura 2000 avec le Préfet de l’Eure. Ainsi, tous travaux opérés dans le cadre de Natura 2000 sont pris en charge à hauteur de 80 % par l’État et l’Europe (à raison de 50 % chacun).

En contrepartie, les collectivités s’engagent à respecter un certain nombre de règles destinées à maintenir la biodiversité des sites concernés.

La Ville d’Évreux a mis en œuvre trois grandes mesures de gestion :

  • La connaissance des milieux naturels grâce à l’inventaire des espèces botaniques (diagnostic de l’état initial) et suivi scientifique.
  • La restauration de ces milieux naturels par des opérations de défrichage pour éviter le boisement des coteaux
  • le pastoralisme ovin pour entretenir le défrichage (entretien écologique du site)

Recenser et préserver les espèces rares

Conformément au contrat Natura 2000, un inventaire exhaustif de la flore a été réalisé sur les sites ébroïciens classés. Deux cents espèces ont été recensées, dont 53 rares. Parmi ces dernières, on relèvera :

  • la sauge officinale
  • l’orobanche blanche
  • le séséli des montagnes
  • l’anémone pulsatile
  • l’anémone hépatique
  • l’épiaire d’Allemagne
  • la vesse jaune
  • l’orchidée ophrys bourdon
  • l’orchidée ophrys frelon
  • l’orchidée ophrys mouche
  • l’orchidée epipactis atrorubens

A noter : étonnamment, on retrouve de nombreuses espèces montagnardes ou méditerranéennes sur ces coteaux, implantées en limite nord de leur aire de répartition, grâce à un microclimat très sec et ensoleillé, mais aussi à la roche calcaire affleurante du coteau.

Paradoxalement, c’est d’ailleurs cette pauvreté du sol qui a permis à autant d’espèces de pousser. En effet, nombre d’entre elles ont adopté des stratégies très ingénieuses pour lutter contre le dessèchement (petites feuilles, cireuses…), contre le peu d’eau présente dans le sol (les racines de certaines plantes s’associent avec des champignons pour mieux capter les faibles ressources en eau du sol, etc.).

Pour préserver cette grande diversité d’espèces, il s’agit donc pour le service Environnement de maintenir cette pauvreté du sol et de ne surtout pas aboutir à une prairie homogène composée d’une ou deux espèces.

En 2010, un nouvel inventaire va être réalisé.

Débroussailler pour recréer une prairie

Le débroussaillage est une étape importante du maintien de la diversité des espèces, notamment des espèces botaniques rares, mais aussi des espèces animales rares (insectes), qui ont besoin de ces dernières pour survivre.

En effet, les espèces à préserver ont besoin de lumière (comme les orchidées, qui ne survivent pas à l’ombre).

Ainsi, en débroussaillant, on permet à la prairie de se reconstituer. Les graines présentent dans le sol depuis plusieurs années, voire des décennies, peuvent à nouveau germer au contact du soleil. Le patrimoine végétal « endormi » depuis plus d’un demi-siècle peut ainsi ressurgir. Il n’est pas exclu de faire des découvertes botaniques très surprenantes dans les prochains mois !

Parmi les espèces animales, on a observé :

  • le lézard des murailles
  • la petite cigale des montagnes
  • le criquet des jachères
  • le grillon champêtre
  • le grillon d’Italie
  • la mante religieuse
  • la sauterelle éphippigère des vignes
  • le lucane cerf-volant
  • le papillon flambé
  • le papillon grisette
  • le papillon damier de la Succise

Soit, pour les seuls insectes, 25 espèces de criquets et sauterelles, 40 espèces de papillons de jour et une espèce de mante religieuse.

Débroussaillage manuel et exportation des cendres

Aucune action mécanique n’est autorisée dans le cadre du Contrat Natura 2000. Le débroussaillage doit être manuel et attentif, pour éviter toute destruction d’espèces sur les coteaux.

Les arbustes sont coupés à la tronçonneuse ou à la débroussailleuse, ramassés, puis brûlés sur place (un feu espacé tous les 50 mètres minimum).

Enfin, pour ne pas risquer d’enrichir le sol, les cendres sont ramassées après chaque feu.

Dans la mesure du possible, les pieds des arbres fruitiers (pommiers sauvages, merisiers, pruniers Sainte-Lucie, vignes) seront conservés.

Sont donc coupés et brûlés les épineux : aubépine, ronces, prunelliers, rosiers sauvages, cornouillers sanguins…

A noter : quelques massifs d’épineux seront cependant maintenus pour laisser de l’ombre aux moutons et un habitat pour certains insectes et oiseaux…

Le pastoralisme extensif : un entretien naturel des coteaux

Afin de maintenir l’état de prairie des coteaux, le pâturage itinérant remplace la gestion mécanique. Il ne s’agit pas pour autant d’un pastoralisme intensif. En effet, le troupeau composé de 150 à 200 têtes parcourt l’ensemble des coteaux. Certaines parcelles ne sont pâturées (il est question de zone d’exclos) pour constituer des habitats “refuges” pour les insectes. On parle alors de pastoralisme extensif.

Conduites de coteaux en coteaux, les bêtes non seulement évitent toute possibilité de reboisement, mais participent à la dissémination des graines et des insectes qu’elles transportent sur leur toison ou dans leur tube digestif.

Le berger municipal est chargé quant à lui de conduire ses animaux en fonction des besoins écologiques du milieu et de s’assurer de la préservation des espèces sur l’ensemble du site classé.

Dessine-moi un moutons ?

Le saviez-vous ?
La Ville d’Évreux fut la première commune de France à disposer d’un berger municipal. Benoit Voisin veille ainsi sur un cheptel de 280 moutons avec l’aide deux Beaucerons et d’un berger des Pyrénées.

Des promenades accessibles au public

Si la cueillette des fleurs est absolument interdite sur ces sites classés, les coteaux sont néanmoins ouverts à tous.

Mais leur accessibilité s’avère encore difficile à certains endroits, ne serait-ce que par l’importance de la déclivité du terrain (de 20 à 25 %).

L’objectif est de créer peu à peu un cheminement sur les coteaux respectant une déclivité douce, afin de permettre à chacun d’y accéder. Des parties seront même spécialement aménagées à l’intention des personnes à mobilité réduite. Il est envisagé également d’aménager de nouveaux points de vue, le paysage s’avérant exceptionnel de là-haut.

Le réseau Natura 2000

Le réseau Natura 2000, institué par les directives dites « Oiseaux » et « Habitats », est constitué de deux types de zones naturelles protégées :

• les Zones Spéciales de Conservation issues de la directive européenne « Habitats-Faune-Flore » de 1992 (CEE/92/43). Ceci est la dernière étape du classement, les sites étant au préalable désignés par le terme « Site d'Importance Communautaire » (SIC) ;

• les Zones de Protection Spéciale (ZPS) issues de a directive européenne dite « Oiseaux » de 1979 (CEE/79/409). Les coteaux calcaires d’Evreux ont été intégrés au SIC « Vallée de l’Eure », vaste site de 2 684ha morcelé en de nombreux secteurs répartis tout le long des vallées de l’Eure et de l’Iton. Cinq de ces secteurs concernent le territoire d’Evreux. Ils couvrent les coteaux de Saint-Michel, de Nétreville et d’Arnières-sur-Iton, ainsi qu’une portion du bois du Roi, au-dessus de l’hôpital de Navarre et un secteur situé sur la commune du Boulay-Morin, appartenant à la Ville d'Evreux.

Quatre habitats de la directive Habitat sont recensés sur le territoire communal, dont un est prioritaire, en raison de son état de conservation très préoccupant :

• Hêtraies-chênaies atlantiques à Lauréole, formations peu répandues mais qui s’étendent lentement suite à l’abandon de certaines pelouses calcaires ;
• Hêtraies-chênaies atlantiques à Jacinthe des bois : habitat très peu représenté sur le SIC, dont l’intégrité doit donc être préservée, face notamment aux menaces que représentent les plantations de résineux et le développement des ronces suite à la mise en lumière des sous-bois ;
• pelouses sèches semi-naturelles et faciès d'embuissonnement sur calcaire, dont certaines accueillent des orchidées remarquables qui, suite à l’abandon de leur entretien par le pâturage extensif et à une fréquentation humaine excessive, étaient en voie de régression ;
• landes sèches à Callune, très peu représentées sur le site (moins de 1%).

L’entretien des espaces ouverts est aujourd’hui assuré par la Ville d’Evreux, en partenariat avec le Conservatoire des sites naturels de Haute-Normandie, qui a mis en place un pâturage ovin extensif (120 brebis). Une convention de gestion a pour cela été mise en place en 2004 avec les propriétaires privés. Néanmoins, la municipalité acquiert petit à petit les parcelles intégrées au périmètre Natura 2000 afin de faciliter, d’une part, la gestion de ces espaces et, d’autre part, la découverte du panorama et des milieux biologiques à travers l’aménagement de sentiers de promenade en crête de coteaux. Le futur cheminement permettra de canaliser les promeneurs et ainsi de préserver les espaces naturels les plus fragiles.

L’arrêté de protection de biotope (APB)

Le terme biotope doit être entendu au sens large de milieu indispensable à l’existence des espèces de la faune et de la flore. Les arrêtés de protection de biotope permettent aux préfets de département de fixer les mesures tendant à favoriser, sur tout ou partie du territoire, la conservation des biotopes nécessaires à la survie d’espèces protégées.

La forêt d’Evreux est concernée par un arrêté de biotope qui couvre une surface d’environ 1ha, à proximité de la zone industrielle La Madeleine. Cet arrêté a été pris en décembre 1993 pour la protection de l’airelle rouge (Vaccinium vitis idae), espèce rarissime en Haute-Normandie.

Les espaces naturels sensibles (ENS)

Il s’agit de sites identifiés par le département comme remarquables en termes de patrimoine naturel (faune, flore et paysage), mais soumis à une menace particulière, que ce soit une pression urbaine, industrielle ou encore un processus d’abandon. Le Conseil général de l'Eure entreprend l’achat de ces sites afin de les protéger puis propose, en partenariat avec les organismes de protection de l’environnement ou les collectivités locales, des animations pour faire découvrir ce patrimoine. Trois ENS sont présents sur la commune d’Evreux :

• plateau et coteaux d’Arnières-sur-Iton
• coteaux d’Evreux
• bois de Saint-Michel
Le Département de l'Eure a établi en 2003 un Schéma départemental des ENS, qui correspond au plan d'action pour la préservation de ce réseau de sites (études, restauration, gestion, ouverture au public). Ces actions sont financées par la taxe départementale des ENS.

Les forêts de protection

Le classement en forêt de protection est le dispositif le plus ancien pour la protection des forêts. Ce statut, créé en 1922, a été élargi, en 1976, par la loi sur la protection de la nature aux forêts périurbaines et aux forêts dont le maintien s'impose soit pour des raisons écologiques soit pour le bien-être de la population. Le classement crée une servitude nationale d'urbanisme et soumet la forêt à un régime forestier spécial qui entraîne une restriction de la jouissance du droit de propriété : tout défrichement est notamment interdit ainsi que toute implantation d'infrastructure. Il s’agit de l’outil juridique le plus contraignant pour la protection des forêts. Les massifs de La Madeleine et de Saint-Michel, tous deux intégrés à la forêt communale d’Evreux, sont protégés par un tel classement.

Dernière mise à jour le 11/03/2021