Serge Elhaïk : « Nommer, c’est faire exister »

Publié le 23/01/2019
Collaborateur de Radio-France depuis plusieurs années, Serge Elhaïk, ancien directeur de la maternité d'Évreux, signe une véritable encyclopédie consacrée aux arrangeurs de la chanson française. Cet ouvrage unique met au-devant de la scène les musiciens de l'ombre qui ont façonné la chanson française ces cinquante dernières années.

La rédaction : Quelle est aujourd'hui votre définition de l'arrangeur ?
Serge Elhaïk : Comme dit Jean-Pierre Sabar (arrangeur de Serge Gainsbourg, Françoise Hardy...) « On connaît tous les chanteurs. Mais il y a le bruit derrière ces artistes. Ce bruit c'est nous ! » Plus sérieusement, on peut dire que les arrangeurs créent un univers, une ambiance à partir d'une mélodie.

Quel musicien vous a le plus marqué pendant ces entretiens ?
S.E : J'ai tissé des liens très forts avec ces musiciens, mais Vladimir Cosma reste le souvenir le plus frappant. Il m'avait accordé deux heures, l'interview a finalement duré douze heures ! Il s'est pris au jeu, je ne m'y attendais pas. Il ne voulait plus s'arrêter. Il est connu pour ses musiques de films, mais personne ne l'avait jusqu'alors interrogé sur ces arrangements de chansons. Je suis obligé de citer également Jean-Michel Defaye, (arrangeur de Léo Ferré), mon premier entretien en 1986, le point de départ et ma première victime !

Comment s'est déroulée la soirée à la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique) pour la sortie du livre ?
S.E : Je tenais à cette soirée, je devais remercier les arrangeurs. Ils étaient très heureux de se rencontrer. C'était une soirée incroyable. Comme a dit Jacques Attali « Nommer, c'est faire exister ». C'est une fierté pour eux de figurer dans ce livre qui représente une reconnaissance de leur travail.

30 ans de travail, plus de 200 entretiens et 2160 pages, comment se lance-t-on dans une telle aventure ?
S.E
: Adolescent, j’étais interpellé par les noms qui figuraient au dos des pochettes des disques. J’ai toujours voulu savoir qui étaient ces arrangeurs.

Quel est votre état d'esprit aujourd'hui après avoir achevé ce travail titanesque ?
S.E
: Je sors heureux et fatigué de ces dix années d'écriture. Vous ne pouvez pas imaginer le travail que cela représente. Quand je vois ce pavé de plus de 2000 pages, je me dis que c'était vraiment une folie !

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